La santé du mentale et du corps: la voie de la santé daoïste et du bonheur

景威道長 Jĭng wēi Dàozháng (Hervé Louchouarn)

Vivre en accord avec le Dào, en harmonie avec la nature, c’est aujourd’hui une illusion, pire c’est une mode, un concept qui est dans le vent, comme dans les années 20 ou 30 être près de la théologie, l’ésotérique était quelque chose de bien vu dans les sociétés occidentales; dans les années 60’, 70’ suivre un Gourou de l’inde était “Inn”, “Cool”, depuis les années 90’ et le début du XXI siècle suivre le bouddhisme tibétain soulage notre quête spirituelle, remplit notre vide intérieur, mais surtout, sert à cacher notre manque de pratique véritable. Diverses sectes et religions ont été créées au cours des dernières décennies, sous le prétexte de la nécessité humaine de combler ce vide psychique, de comprendre son origine, de visualiser sa permanence, cachant leurs véritables missions; ces associations sont, la plus part du temps, dédiés à l’enrichissement de certains individus ou des groupes, la création de celles-ci permet la continuité de la fonction principale de ces assemblées de citoyens (appelé églises, sectes ou temples) qui est de diriger et d’aliéner certaines couches de la société, car l’être humain qui n’est pas contrôlé se laissent dirigés par les vènements qui lui arrive, comme un troupeau d’animaux lâché à lui-même. Ce concept n’appartient pas à nos temps modernes, mais prend ses racines au début de notre ère, il permet de contrôler les connaissances, les actions, les pensées de beaucoup de personnes; ainsi l’homme cesse d’avoir sa propre vision, sa propre pratique personnelle qui aurait pu renforcer son processus individuel de prise de conscience.

Aujourd’hui, être Daoïste est la nouvelle tendance, rechercher l’harmonie intérieure à travers une vision plus écologique, en relation avec l’unité yīn-yáng, nous fait croire à la possibilité de nous approcher de l’entendement (illumination), de découvrir des pratiques ancestrales, nous menant au développement de notre être intérieur. Beaucoup de ces techniques secrètes ont été dévoilées, enseignées par des professeurs indulgents, mais bien qu’il existe de nombreux commentaires sur les classiques sacrés, vraiment, vous les comprenez?, pouvez-vous croire au Dào?, pouvez-vous pratiqué le Dào?, vivez-vous réellement dans le Dào? Où êtes-vous des Daoïstes modernes qui ont perdu la voie.

Vu de l’extérieur, la pratique du daoïsme est très attrayant: méditer, prier dans des lieux idylliques, effectuer des mouvements lents et doux baignés par l’énergie (qì) originelle, pouvoir rêver grâce à des histoires extraordinaires avec des personnages incroyables et souvent immortels, apporte à notre monde moderne et matériel une évasion très surréaliste. Les grands maîtres ont laissé une quantité impressionnante d’écrits, de dessins et d’outils bien élaborés pour pouvoir pratiquer avec discipline et ainsi atteindre notre but de développer une santé physique et une compréhension spirituelle. Selon ces experts, pratiquer le Dào c’est vivre en harmonie avec la nature, pour découvrir notre vraie nature (性 xìng) et le sens de notre vie (命mìng), de cette manière on peut étudier l’évolution de l’être en sens inverse et percevoir notre origine.

Xiao Tiān Shi 萧天石 (1909-1986), grand daoïste intellectuel et laïque, écrit dans son livre 道家 养生学 概要 (dào jià yăng shēng xué gàiyào) Compendium sur l’étude du yăng shēng daoïste:

«La philosophie du yăng shēng daoïste découle directement de l’influence du cosmos. La perception daoïste de la création humaine découle directement d’un concept harmonieux avec le cosmos».

«Surmonter l’ordinaire pour entrer dans la sainteté, surmonter la sainteté pour entrer dans la spiritualité et dépasser la spiritualité pour atteindre la transformation humaine». Il déclare également:

«Les plus importantes méthodes que chaque être humain doit pratiquer sont: cultiver sa propre nature性 (xìng) et protéger sa vie 命 (mìng)”.

Parvenir à protéger notre vie et renforcer notre santé est le but fondamental pour comprendre notre nature, créer des outils pour atteindre ce privilège est le rôle de ceux qui ont été en mesure de comprendre la voie (fonction de vie), beaucoup d’entre eux sont des enseignants des temps anciens qui ont découvert, à travers des disciplines très sévères, plusieurs méthodes qu’ils ont offert aux générations suivantes, leurs disciples. Ils considéraient que l’utilisation de ces pratiques quotidiennes permettait de développer une énergie inhabituelle, ce qui améliorait leur qualité de vie, de la même manière, ils prétendaient que ces pratiques pouvaient engendrer une grande vitalité, permettant la longévité sans ne jamais vieillir. Prendre conscience de l’énergie originelle (ou yuán qì 元气, 炁), c’est stimuler le métabolisme cellulaire pour retourner à l’origine (la régénération cellulaire suivant la carte génétique originelle). Comme principe, on peut le comprendre, on peut le lire dans les documents et obtenir une compréhension de ceux-ci, mais sans les lignes directrices, mises à jour pour la vie moderne, il est quasiment impossible d’adapter ce système traditionnel qui a évolué en perdant sa vertu. La vertu, comme une attitude de l’être humain face au processus qu’il a choisi pour vivre, donc un mode de vie qui devrait lui faire comprendre son origine, sa véritable essence.

C’est un élément que l’homme ajoute à sa pratique pour légitimer son séjour dans sa réalité humaine, cela remplit les conditions qui permettent la pérennité de l’humanité: la compassion, la compréhension, la volonté…

Ces anciens maîtres ont également défini l’art de se conserver en bonne santé (yăng shēng) comme l’art de se cultiver, un principe en relation avec la terre, une responsabilité inhérente aux différentes phases de croissance et de déclin de l’homme. Cultiver, nourrir (en relation avec le terme: 養yăng) dans les sens de créer un ensemble de méthodes qui permet à «l’homme commun» (tel que le présente Gilbert Keith Chesterton dans son livre «Running Man») de se préparer à l’attaque des multiples pathogènes (interne ou externe), par conséquent, ils ont utilisés, à travers l’histoire et les différentes écoles, de nombreux systèmes alimentaires, plusieurs outils pour contrôler les mauvaises habitudes et les troubles émotionnels, de la même façon qu’ils ont conçu des exercices pratiques pour sensibiliser et atteindre la compréhension de la nature humaine性 (xìng) et la vie命 (mìng). Dans le livre de Zhuāngzi 莊子 (369-286 avant Jésus-Christ) « 南华经 » (nán huá jīng): livre sacré de l’illumination du sud, dans la troisième partie de ce document, appelé yăng shēng zhŭ 养生主 (dominer l’art de nourrir la vie) on retrouve des éléments essentiel pour se conserver en bonne santé, comme diverses procédures liées à l’observation des changements climatiques, à l’analyse des différents cycles lunaires, à l’étude de l’action cyclique des différentes planètes sur notre terre; comprendre ces mouvements incessants de notre environnement nous permet de comprendre la théorie daoïste «天人合一» tiānrén héyī: le ciel et l’homme se fusionnent et forment un. C’est une théorie de la philosophie chinoise ancienne dans laquelle l’homme est une partie intégrante de la nature, en d’autres termes, il existe une unité entre le ciel et l’humanité. Cette vision daoïste a guidé une grande partie du développement de la culture chinoise et a permis de comprendre les grands phénomènes de la création, de l’énergie, de la physiologie humaine, etc.

Un des grand maitre de l’art de nourrir la vie est le médecin daoïste de la dynastie Táng唐 (618-907), Sūn Sī Miăo 孫思邈 (581-682) qui écrivait déjà sur les pratiques de prévention des attaques des pathogènes et sur les techniques pour tonifier les structures anatomiques principales et complémentaires 脏腑 (zàng fŭ). Il écrit dans un de ses livres, une théorie pour conserver la santé《摄生论》 (shè shēng lùn): “Pendant le deuxième mois lunaire, l’énergie du rein est minuscule, l’énergie du foie est en plein essor, il est préférable de s’abstenir de saveur acide et augmenter la saveur piquante, cela aide le rein et nourrit le foie. C’est important de tranquilliser le diaphragme pour que la flegme liquide puisse sortir sous forme de petites évacuations sur la peau, cette petite sudation correspond aux énergies pathogènes de l’hiver profond qui se sont bloquées dans les différentes couches du derme et de l’épiderme”.

Dans le livre classique《太 元 经》 (tài yuán jīng) “livre sacré sur l’origine maximal” appelé aussi 《太玄》(tài xuán) “mystère maximal”,《太玄经》(tài xuán jīng) “livre sacré sur le mystère maximal” même genre et même contenu que le livre《周易》(zhōu yì où aussi易经yì jīng), il est connu en occident comme un livre alternatif du livre des changements, il est dit: “l’été, l’art de cultiver (yăng shēng: pratique disciplinée) les choses c’est se développer, grandir”.

Dans le document «济世 仁 术» (jìshì rénshù) «techniques pour aider une génération avec bienveillance» il est dit: «Durant les périodes庚子gēng zĭ (numéro trente-sept du cycle sexagésimal) et 辛丑 xīn chŏu (numéro trente-huit), éliminer les lithiases de la vésicule biliaire, soigner le «vent-flegme», souvent très rapide (correspond aux patients qui ont des flegmes dans le sang et qui reçoivent un coup de vent pathogène)».

Pendant la période de la seconde lune, vous devez être très prudent avec le tonnerre venant du nord, parce que les maitres disaient que cela pouvait indiquer qu’il y allait avoir des maladies; si ils sont du nord-ouest alors il y aura des épidémies. De la même manière, durant l’équinoxe de printemps, il faut prendre des précautions s’il y fait beau temps (ciel clair) parce que, selon les anciens, cela indique qu’il y aura des maladies.

Pendant la période de la troisième lune, si il y a du vent avec de la pluie le premier jour de cette lune, les maitres disent que l’on peut tomber malade. Etre prudent si durant cette période il y a un petit été car, les anciens disaient qu’il y aurait de nombreuses épidémies.

Mais nous avons perdu l’ordre de la nature, nous ne comprenons plus les mouvements et les influences cosmiques, à tel point que nous avons permis que nos dirigeants puissent construire un processus de vie, qui ne dépend plus du tout de ces cycles, mais bien au contraire, qui obéit à une pensée évolutionniste et matérialiste et qui nous place, aujourd’hui, face à la destruction de notre environnement, là où nous devrions pouvoir «vraiment» vivre. Si cette façon de penser devait améliorer notre bien-être, permettre d’augmenter notre santé, faire évoluer notre façon de traiter nos émotions ou stimuler la recherche de la spiritualité de l’être, d’accord, mais ce n’est pas le cas, au contraire, les taux de mortalité à cause des maladies chroniques dégénératives, des insuffisances, des cancer, des pharmacodépendances ou de toxicomanies et d’autres maux de notre société augmentent, la consommation de drogues et de médicaments ont dépassé les limites saines, donc nous ne sommes pas sur la bonne voie.

Renouez avec notre environnement pour augmenter notre énergie intérieure et pouvoir lutter contre les agents pathogènes c’est retourner étudier les transformations que provoquent les mouvements planétaires, mais d’une manière différente (en utilisant la science et les progrès technologiques en «réorientant» les recherches), percevoir intuitivement les changements climatiques en utilisant l’expérience des anciens maîtres, observer les mouvements particuliers de notre environnement.

Ce n’est pas en respectant un calendrier politico-religieux qui ne vénère pas le vrai «temps» et les changements dans notre planète, ni en suivant aveuglement une directive erronée qui aliène notre pensée (réchauffement climatique, pandémies virales, coupe du monde …) que l’être humain va trouver une voie qui lui permette de stimuler sa conscience et de s’harmoniser avec l’esprit original. Les anciens nous ont décrit l’origine de maladies, mais nous avons oublié de suivre leurs conseils, nous avons perdu la vision intégrale et traditionnelle pour sombrer dans une étude profonde de notre microcosme, suite à la vision égocentrique qui nous éloigne de notre nature.

Dans le livre sacré de l’Empereur Jaune, tome Líng shū «灵枢 • 五 乱» (Língshū •wŭ luàn) chapitre 34 «Les cinq troubles,» l’Empereur demande à son maître céleste: «Les douze vaisseaux, sont-ils séparés des cinq mouvements, la division des quatre saisons, pourquoi cette relation se perd-elle et apparaissent les troubles? Comment est-ce que l’on peut les guérir?

Le Maître céleste Qí Bó répond: «Les cinq mouvements suivent un ordre, les quatre saisons sont divisés, si on suit correctement la direction de cet ordre et de ces divisions alors on peut vivre en bonne santé, mais si on va dans le sens contraire alors apparaissent les désordres”.

L’Empereur Jaune demande: «Comment appelez-vous cette méthode de suivre le sens naturel des choses et de pouvoir vivre en bonne santé» ?

Le Maître céleste Qí Bó répond: «Les douze vaisseaux sont en relation avec les douze lunes (12 mois lunaires), les douze lunes se divisent en quatre saisons. Les quatre saisons: printemps, automne, hiver, été, ont des énergies différentes, l’énergie de construction (nourrissant 营 气yíng qì) et l’énergie de protection (卫 气wèi qì) mutuellement se suivent, le yīn-yáng, l’un et l’autre se réunissent et s’harmonisent, le pur et le trouble ne peuvent pas se blesser (offense), si on suit l’ordre des facteurs alors on peut se guérir».

Par conséquent, il est indispensable de connaitre parfaitement l’écoulement des saisons ainsi que le rythme des années. Le calendrier lunisolaire (夏历xià lì) ou mieux connu comme le calendrier agricole (农历 nóng lì), construit en fonction de l’observation des cycles lunaires et solaires, permet de reconnecter et de réguler l’être humain avec, premièrement, ses activités sociales (fêtes, mariages, anniversaires …) et professionnelles (activités agricoles, pêche, chasse …) et deuxièmement avec les cycles des phénomènes astronomiques. Mais l’homme moderne a perdu l’usage du système sexagésimal (甲子jiă zĭ), seul quelques personnes reconnaissent les petites périodes 气候 qì hòu (quinte: cinq jours qui correspondent à 60 heures doubles) qui nous permettaient d’enregistrer les mouvements de la nature selon les changements climatiques. Au contraire, le calendrier grégorien a été adopté dans la majeur partie du monde, avec toute une série de changements d’horaires (heure d’été, d’hiver, les fuseaux horaires…) ce qui as désorganisé complètement la vie de l’être humain. A l’origine, ce calendrier a été confectionné suivant les indications des pouvoirs religieux, pour réglementer les rituels et les mouvements économiques. A Rome, l’année commençait en Mars, se composait de 10 mois et durait 355 jours. Les romains payaient leurs dettes au début de chaque mois, ces jours étaient appelés les calendes (Calendae: correspond au premier jour du mois dans le calendrier romain, le jour de la nouvelle lune quand ce calendrier suivait le cycle lunaire « année de Rómulo et de Numa Pompilius ». Ce jour-là, les prêtres annonçaient la date mobile des fêtes du mois suivant et les débiteurs devaient payer leurs dettes inscrites dans les livres des comptes » Calendarias»). Ce système créé par les Grecs et les Romains a été prescrit par le pape Grégoire XIII en 1582 par la bulle Inter gravissimas (nommée d’après ses premiers mots: Parmi les très nobles tâches de notre ministère pastoral, en latin : Inter gravissimas pastoralis officii nostri curas). Elle est datée du 24 février 1582), récupérant les dix jours de retard qu’avait perdu le calendrier par rapport au soleil et modifiant ainsi les arrangements pour les années bissextiles dans les siècles futurs. C’est en fait un système créé par l’homme, pour réguler les activités socio-économiques, qui respecte très peu les rythmes et les cycles établis par le ciel. Ce type de calendrier peut apporter quelques problèmes pour comprendre notre présence dans l’univers, surtout si cette disposition suit une vision trop individualiste, trop humaine. Cette méthode ne permet pas de prévoir certaines complications climatiques, émotionnelles, évolutives qui son inhérente a la circulation de la terre dans l’univers.

Notre «petit monde» semble protégé par cette vue microscopique, parce que, encore aujourd’hui, beaucoup d’êtres humains conservent un point de vue géocentrique (système astronomique d’après lequel on considérait la Terre comme le centre de l’Univers autour duquel tournaient les autres astres. Ce fut le système de Ptolémée [IIe s. après J.-C.], qui fit autorité jusqu’au XVIe s.), de plus, une grande partie de l’humanité continue à se cacher dans sa coquille d’insouciance et d’indifférence, à se blottir dans un abri d’ignorance. Mais c’est une erreur de se croire en cette sécurité, vu que tous les êtres de cette planète reçoivent, depuis toujours, toute une série d’attractions électromagnétiques, de bombardements de particules, de changements d’énergie qui les affaiblissent. Afin de survivre à ces intempéries énergétiques, à ces tempêtes cosmiques occasionnellement très matérielles et parvenir à nourrir, protéger sa communauté, l’être humain a du se réunir dans des grandes villes et oublier sa nature nomade, sa connaissance de récolteur pour devenir un producteur de céréales et s’occuper de son élevage fermier. Ces changements spectaculaires ont conduit à la destruction de son environnement, la Terre.

Aujourd’hui, nous vivons de grandes catastrophes, la société avance aveuglé par sa soif de pouvoir, d’argent, de quelque chose à conquérir. Nous ne voyons pas venir les calamités, nous ne pouvons pas prévoir les épidémies mais bien que nous ayons une technologie très avancée l’homme n’est pas heureux, il manque de compréhension, de calme et d’harmonie.

A quel moment la société a-t-elle perdu son chemin?

Pourquoi est-ce que l’homme n’a jamais essayé de redresser cette évolution et il a suivi cette voie aussi tordue ?

Qu’ont-ils d’aussi puissant, les désirs et l’illusion, pour que l’homme ne puisse pas les contrôler?

Durant la dernière rencontre, pendant le deuxième Forum international de Nán yuè南岳 (2011), j’ai présenté un texte: «Retour à l’essence, apprécier la vérité et protéger le bien-être spirituel», dans lequel j’écris:» Pour pouvoir comprendre l’essence de l’être, on doit retourner aux connaissances anciennes, se connecter avec les cycles de l’humanité, trouver dans l’histoire le moment précis où les écrits contiennent la quintessence, la vérité pérenne, le moteur philosophique qui perdure. Les civilisations ancestrales ont trouvées ces évidences, chacune en fonction de leurs propre cosmovision, elles ont thésaurisés ces connaissances mais beaucoup d’entre elles n’ont pas su les protéger et les transmettre avec authenticité. Avec le temps, les millénaires sont passés et l’homme se retrouve, aujourd’hui, avec une réalité très différente, en désharmonie avec la nature, éclipsé de son propre esprit.»

Durant ce forum (2014), je vais reprendre ces commentaires, car ils correspondent, à mon avis, à un concept fondamentalement ancré dans la philosophie daoïste, qui peut permettre de repenser notre voie. Évoluer, croître, pour l’être humain, ce n’est pas seulement augmenter ses connaissances, accomplir ses désirs, augmenter le volume de ses profits, mais cela correspond surtout à un approfondissement de la conscience, une recherche sur l’entendement (illumination), pour pouvoir essayer de comprendre son origine. Pour cela, il faut s’appuyer sur l’expérience de nos prédécesseurs, copier leurs méthodes, étudier leurs connaissances, écouter leurs conseils, avoir l’humilité de dire qu’on ne sait pas.

Quatre points sont importants pour l’élaboration d’une stratégie, où le daoïsme peut contribuer avec de grandes connaissances, une expérience millénaire, ce qui pourrait aider à former et éduquer nos communautés.

1-Encourager l’utilisation du calendrier luni-solaire.

Les êtres humains et la nature modèlent une dynamique intégrale, depuis les temps anciens, les sages parlaient d’une correspondance entre l’homme et l’univers. Notre monde terrestre fournit les conditions nécessaires pour la survie de l’homme et des dix mille choses. Les personnes vivent de la nature et sont une extension d’elle, les changements et les mutations de celle-ci ont une grande influence, directe ou indirecte, sur les êtres vivants de cette planète. On peut dire que l’ordre physiologique de l’Homme a été façonné par l’alternance de ces changements, le temps (millénaire, centenaire, année, mois, jour, heure…) et les forces (électromagnétique, physique, énergétique…). Donc, toutes les activités physiologiques, les changements pathologiques, la sensibilité à certains traitements ou méthodologies sont étroitement liées aux variations périodiques de l’environnement.

Pour comprendre ce processus et expliquer l’organisation du mouvement de la Terre, nous devons revenir au livre sacré de l’Empereur Jaune, tome Sù wèn, chapitre 9: 六 节 藏 象 论 篇 第九 (liù jié cáng xiáng lùn piān dì jiŭ) théorie des six divisions et de la manifestation visible des structures anatomiques.

L’Empereur Jaune pose la question: J’ai entendu dire que le ciel utilise les divisions 6,6, cela se converti en une année, l’homme utilise le système de réunion 9,9, en faisant des calculs, il possède également 365 divisions (zones de traitement), c’est la raison pour laquelle l’univers est infini. Je ne sais pas comment vous appelez cela?

Le maitre céleste Qí bó répond en disant: Oh, Ah, cette question est très intéressante! S’il vous plaît, j’espère que mes paroles vont vous satisfaire. Ces divisions 6,6, et le système de réunion 9,9, permettent de définir les véritables mesures du ciel, les numéros de l’énergie. La mesure du ciel, donc le système de circulation du soleil et de la lune.

2-Exercices.

Depuis que l’homme en Chine, comprend qu’elles sont les forces qui alimentent et nourrissent son développement, il a cherché des techniques pour renforcer ces principes. Une de celle-ci est le Qì Gōng, terme moderne pour décrire la maitrise de l’énergie mais il existe d’autres noms plus anciens pour ces différentes méthodes, comme: tù nà 吐呐, xíng qì 行气, dăo yĭn 导引. Cette pratique signifie littéralement entrainer l’énergie, comme si on pratiquait l’art de nourrir sa vie, de sorte que le Qì Gōng englobe une grande variété de styles, cela inclut: les méditations, les mouvements synchronises, les respirations, l’automassage et les exercices couchés. Son développement implique non seulement la recherche, mais aussi le travail et la pratique communautaire, ce qui a permis d’accumuler des connaissances, de créer une base scientifique qui, aujourd’hui, se matérialise comme une impressionnante combinaison d’exercices pour stimuler la santé de millions de personnes. Non seulement il existe une énorme quantité de références sur des guérisons extraordinaires mais en plus c’est un processus très économique qui nécessite très peu d’installations et peut être effectuée à n’importe quel moment. On considère que les principes fondamentaux de ces méthodes sont: la respiration contrôlée, les mouvements lents et contrôlés, une concentration mentale (induction) dans la zone concernée. De cette manière l’impact est somatique et mentale. L’action thérapeutique a tendance à être plus forte si l’on stimule le système nerveux végétatif (appelé également autonome, c’est un système qui permet de réguler différentes fonctions automatiques de l’organisme: digestion, respiration, circulation artérielle et veineuse, pression artérielle, sécrétion et excrétion), il faut donc essayer d’harmoniser l’énergie, ce qui permet de diminuer les troubles psychosomatiques par conséquent cela produit un excellent effet sur la dépression. Lorsque l’on relaxe les muscles et calme la respiration, le métabolisme s’équilibre ainsi que les activités vitales de divers organes et systèmes. Le système respiratoire peut éliminer plus de dioxyde de carbone permettant ainsi une meilleure oxygénation; le système cardiovasculaire favorise la vasodilatation et une diminution de la fréquence cardiaque, améliorant de la pression artérielle; la pratique stimule le système digestif, il y a meilleur amplitude du diaphragme ce qui améliore le péristaltisme gastrique et intestinal; au niveau du système nerveux, il y a une réduction de la tension du cortex cérébral avec une augmentation des ondes alpha, ce qui régule les fonctions viscérales; au niveau glandulaire, la consommation d’oxygène diminue et le métabolisme de la sérotonine augmente (elle joue le rôle de neurotransmetteur, elle est impliquée dans la régulation du cycle circadien, dans le noyau suprachiasmatique [siège de l’horloge circadienne], dans l’hémostase (ensemble des mécanismes qui assurent le maintien du sang à l’intérieur des vaisseaux et, en particulier, des phénomènes qui déterminent l’arrêt du saignement lorsqu’un vaisseau est blessé. La coagulation du sang est un des temps de l’hémostase), dans la mobilité digestive et dans divers désordres psychiatriques tels que le stress, l’anxiété, les phobies, la dépression). Toute cette information nous permet de confirmer que le Qì Gōng est un excellent outil pour stimuler la santé préventive, qu’il permet une meilleur nutrition des tissus, donne une sensation de bien-être physique et le corps devient moins vulnérable au processus de vieillissement.

Le fait d’améliorer la qualité de vie et de la prolonger, stimule en nous la recherche de notre être, augmente le développement personnel et améliore les relations humaines. La prise de conscience, permet une évaluation de notre activité réelle et place sur la balance, les priorités de l’être, définit con plus de sécurité la fonction de notre vie et donc la réalisation de celle-ci, transforme les besoins et les désirs, on ne les voit plus comme des objets de convoitise.

3-Alimentation.

Notre corps a besoin des éléments de la Terre 土 (tŭ) pour matérialiser différents processus, mais il ne peut pas les prendre directement parce que notre organisme est hétérotrophe: il se nourrit de substances organiques synthétisées par d’autres formes de vie. Dans un premier temps, les êtres humains dépendent de sources externes de matières premières, d’énergies pour grandir, pour se développer et fonctionner correctement. L’aliment est transformé en particules minuscules pour être utilisé dans la génération et la réparation des tissus, pour fabriquer une forme d’énergie qui permet la physiologie organique, la vie des cellules. On peut observer ce phénomène dans le livre sacré《黄帝内经-灵枢》 (Huáng Dì Nèi Jīng- Líng shū) 营 卫生 会 第十八 (yíng wèi shēng huì dì shí bā). Génération et réunion de l’énergie constructive et nutritive, Chapitre 18.

L’Empereur Jaune demande au maître céleste Qí Bó: Comment l’être humain obtient-il son énergie?

Comment est-ce que le yīn et le yáng se réunissent-ils? Comment est-ce que l’énergie devient nutritive?

Comment est-ce que l’énergie devient protectrice? Comment et où se génère l’énergie nutritive?

Comment est-ce que l’énergie protectrice se réunit?

La vieux et le robuste n’ont pas la même énergie,

Le yīn et le yáng ont des positions différentes,

Je veux écouter sincèrement votre opinion sur cette réunion (une façon très formelle de demander à un maître).

Le maître céleste Qí Bó répond: L’être humain reçoit son énergie des aliments (céréales)

Les aliments pénètre dans l’organisme à travers l’estomac, puis ils sont conduits jusqu’au poumon,

Les cinq structures anatomiques principales et les six structures anatomiques complémentaires,

Obtiennent toutes leurs énergies de cette manière, le pur correspond à l’énergie nutritive,

Le trouble correspond à l’énergie de protection,

L’énergie nutritive vit au centre des vaisseaux sanguins,

L’énergie protectrice vit à l’extérieur des vaisseaux sanguins (dans les tissus conjonctifs),

L’énergie nutritive, sur la circonférence, ne cesse jamais (l’énergie n’arrête pas de circuler dans le système vasculaire), cinquante et se répète pour former une réunion (le sang fait cinquante tours dans tout le corps durant une journée).

Le yīn et le yáng se pénètrent mutuellement (se mélangent), comme un anneau sans fin (les vaisseaux sanguins forment une boucle fermée).

Si l’on veut récupérer un bon état de santé, c’est essentiel de revenir à une alimentation qui provienne de la terre, régulée par les saveurs. On ne peut pas dépendre de produits végétaux qui sont conçus à base de solutions chimiques pour remplacer notre bonne terre naturelle (engrais et fertilisants minéraux synthétiques, culture hydroponique, agriculture transgénique), parce que peu à peu l’être humain perd ses éléments nutritifs, en même temps que son système digestif diminue son absorption provoquant une dégénérescence cellulaire (cancer, l’auto-immunité réduite) et une déformation corporelle (obésité, diabète…). De même qu’il faut réguler et vérifier la production du bétail et des animaux destinés à la consommation humaine parce que l’homme ne respecte plus la vie des autres êtres, il croit posséder tout ce qui marche, vole, nage, rampe et glisse, par conséquent, il peut manger et détruire sans contrôle.

Il nous faut donc revenir progressivement, comme il se fait déjà dans plusieurs pays, à une consommation de produits régionaux et éliminer les monocultures intensives qui appauvrissent la terre, pour parvenir à une harmonisation avec la nature.

4-Observation de l’être.

En utilisant les écrits sacrés, on peut créer des outils, adaptés à notre temps, qui nous encouragent à nous approcher de nous-même. Le chapitre 15 du Dào Dé Jīng, fait une description de certaines personnes de l’antiquité qui étaient considérées comme des sages (un sage est une personne qui a compris sa fonction de vie, il pratique l’autodiscipline, il est dans l’observation de lui-même, à l’écoute de son être) car elles étaient consacrées à l’étude de leurs processus de vie et des vertus qu’elles obtenaient à travers les actions menées durant cette période de temps (comme une attitude dévouée à l’amélioration de la condition humaine). C’est un moyen de comprendre la transformation que l’individu subit durant le temps qu’il passe sur terre. Pour réaliser ce processus, il est important de suivre les conseils qui ont été laissés par ces enseignants du vivre:

-Être prudent. Se maintenir ainsi dans toutes les situations de la vie quotidienne (les pensées, l’alimentation, les voyages, les interactions).

-Conserver la discrétion et le respect envers les autres humains, animaux, végétaux, minéraux…

-Être souple, tolèrent et réceptif pour essayer d’harmoniser avec les autres membres de notre communautés (couple, famille, amis et voisins, étrangers et autres individus étranges [religions, goûts alimentaires, préférences sexuels, …).

Ce message qui nous vient de l’antiquité peut nous aider à réaliser une observation quotidienne de nos émotions, nos sentiments et nos expériences. Prenez un moment de votre vie chaque jour, d’écrivez vos réflexions en fonction des aspects suivants:

1. Aujourd’hui il m’est arrivé ceci ou cela:

2. Comment est-ce que j’ai répondu à cet évènement? De manière normale ou extraordinairement. Essayer de le d’écrire.

3. En fonction du processus d’observation. Comment aurait dû être la réponse?

Observez-vous durant un mois et regardez les résultats de votre pratique:

Le processus d’observation s’est amélioré?

Y-a –t’il des difficultés pour comprendre les qualités de la vertu?

Le processus de prise de conscience m’a permis de mieux comprendre la cause de mes réactions?

Quel est le résultat obtenu lorsque je stimule mon observation de la vie quotidienne?

道德经Dào dé jīng

Chapitre 15篇第十五

Ceux qui pratiquaient le Dào avec beaucoup d’expertise, durant l’antiquité,

avaient une profonde connaissance d’eux-mêmes.

Dû à leurs pratiques secrètes, comprendre ces êtres dépassait la capacité cognitive du commun des mortels; par conséquent, il est uniquement possible de les décrire de manière sommaire.

Ils étaient prudent; comme lorsque l’on marche sur une rivière congelée en hiver.

Ils étaient toujours prudents, comme s’ils se sentaient menacés par une attaque qui pourrait venir de n’importe quel endroit.

Ils n’étaient pas indiscrets, mais solennel et respectueux comme un hôte dans la maison d’autrui.

Ils étaient, sans s’éparpiller, aussi naturels et affables que la glace qui fondra.

Ils étaient sincères et entiers comme un bloque qui n’a jamais été façonné.

Ils étaient infiniment tolérants, leurs esprits étaient aussi vastes et réceptifs qu’une vallée.

Ils étaient unis à leur environnement, comme l’eau et la terre s’unissent sous forme de boue.

Qui a la capacité de laisser la boue se reposer pour que la terre se dépose et apparaisse la clarté?

Qui a la capacité de la quiétude pour laisser se présenter le moment opportun et qu’ensuite affleure l’action spontanément ?

Ceux qui préservent ces concepts daoïstes ne désirent pas être arrogants.

Justement pour ne pas être arrogant, il faut avoir la capacité de cacher ses nouveaux accomplissements.